Lettre noire : ma participation
Je participe au jeu décrit dans l’article précédent. La lettre noire !
Bonjour Bambou.
J’espère que tout se passe bien du coté de chez toi.
Nos vacances à Tahiti sont formidables et nous nous amusons beaucoup ! Nous n’avons vraiment pas hâte de rentrer en France, loin de là.
Nous gardons actuellement la maison d’une amie qui a une piscine immense ! Les jours où nous n’avons pas envi d’aller à la plage (qui se trouve à 100 mètres à pied de la villa) et bien c’est le plongeon dans la piscine !
D’ailleurs, as-tu reçu la carte postale que je t’ai envoyée ? C’est vraiment fabuleux n’est-ce pas ? L’eau si transparente … La végétation … Ce sable si fin … Je suis certaine que tu aimerais être ici avec nous.
Philippe pense beaucoup à toi et me demande chaque jour comment tu vas, ou encore il me demande si on ne peut pas t’acheter un ou deux trucs histoire de te faire un cadeau à notre retour.
Contrairement à ce que ta sœur te dit depuis tant d’années, Philippe vous aime comme ses propres enfants ! Et tu sais bien que ta petite Maman qui t’aime n’a pas d’argent. Quand je te fais un cadeau, c’est Philippe qui le paie et il ne m’a jamais interdit de faire des dépenses pour mes enfants.
Enfin … Tout ce qui a pu se passer durant ces dix dernières années, depuis que nous sommes mariés ton beau-père et moi … C’est du passé. Et puis tu n’étais qu’une enfant et les enfants ne sont jamais objectifs. Ta sœur t’a persuadé d’une chose qui est fausse !
Je pense n’avoir rien oublié, Philippe te fait de gros bisous et moi aussi !
A bientôt, Ta Maman qui t’aime très fort.
Et Philippe
Bonjour Maman.
Je suis contente de voir que tes vacances à Tahiti se déroulent toujours aussi bien … Suite à notre court appel téléphonique de cet après midi, je me lance dans la réponse de ta lettre.
Tu espères que tout se passe bien pour moi. Pas de chance il se trouve que ce n’est pas le cas. En plus de me faire plaquer par mon homme qui pense finalement être amoureux de Magali (ma meilleure amie au cas où tu l’aurais oublié, mais de toute manière, tu oublies toujours tout ce qui me concerne jusqu’à mon propre prénom selon les jours), j’ai mon con de proprio qui veut me foutre à la porte.
Cependant, la vie ne s’arrête pas à une histoire de cœur ou à un proprio.
Le travail : je viens de terminer mon contrat. Il se trouve qu’une de mes amies est passé « sous le bureau » comme on dit. Résultat : mon contrat n’a pas été renouvelé alors qu’ils me le promettaient depuis plus de trois mois.
Cependant, la vie ne s’arête pas à une histoire de boulot, n’est-ce pas ?
La santé ? Mal. Je suis toujours agoraphobe (ne t’inquiètes pas, j’ai cherché la définition dans le dictionnaire depuis la dernière fois que j’ai essayé de t’annoncer que je l’étais et que tu en as rit). Mon psy est vraiment minable et la sécu ne veut pas m’indemniser si je me mets en arrêt maladie. Résultat : je ne peux plus suivre ma thérapie puisque je n’ai plus un rond depuis que je suis au chômage
Cependant, la vie ne s’arrête pas à des problèmes de santé !
Heureusement qu’il reste la famille. Tu veux que je te parle de la famille ?!! Tu me répètes sans cesse que ma sœur m’a monté contre ton mari. Mais es tu capable d’ouvrir les yeux ? Non bien que non … Tu es aussi atteinte de cécité que ton mari de connerie … Tu essayes de nous faire croire qu’il nous aime. Tu dis qu’il paye tout ce que tu nous achètes. Que ça soit le cas ou pas, Est-ce que ça justifie tous les coups que nous avons prit étant plus jeune ?
Oh mais c’est vrai … Après tout, « c’est ma sœur qui me monte la tête contre lui ».
Et bien non, désolée de te décevoir « Maman chérie » mais la seule chose qui me motive à vivre aujourd’hui, c’est d’attendre l’heure de l’enterrement de ton cher et tendre époux !! Le jour où il crèvera, soit certaine que je viendrais cracher et danser sur sa tombe !
Je le déteste à un point que tu ne peux même pas imaginer.
Toutes les nuits, sans exception et sans relâche … Je rêve du jour où il était entre la vie et la mort à la clinique. Le jour où il a eu son attaque cérébrale. Et tu sais quoi ? Mon rêve, mon cher et tendre rêve me revoit à ce moment précis … Te souviens tu de ce qu’il s’est passé ? Alors que Philippe était sur son lit avec plein de perfusion, je te tenais la main pour te soutenir. Et au final, c’est moi qui pleurais.
Alors que tu interprétais mes larmes comme de la joie d’avoir retrouvé mon beau père vivant, je ne ressentais que de la tristesse. Il avait failli mourir …
C’est là que mon rêve change de la réalité … Dans cette douce illusion, je me retourne vers les appareils respiratoire et là …. Je commence à tout arracher, je suis prise de frénésie et je ne peux m’empêcher de prendre plaisir avec cet acte. Je suis si heureuse et je me laisse bercer par le bruit du cardiogramme qui fait un « tuuuuuuuuuuut » que je n’oublierai jamais …
Puis je me réveille et je pleure. Je pleure parce que ce n’était qu’un rêve. Parce que ton mari est vivant, celui qui a levé la main sur mon frère, ma sœur et moi pendant tant d’années.
Le passé, c’est le passé hein ? Et bien je te réponds que c’est le passé qui fait ma force ! C’est parce que je déteste ton mari que je souhaite vivre par-dessus tout ! C’est parce que je veux l’enterrer moi-même que je souhaite vivre ! Je veux le voir souffrir et agoniser lamentablement, je veux le voir souffrir autant qu’il m’a fait souffrir !
Et je te déteste aussi, toi, Maman chérie … Toi qui portes des ouillères … Toi qui a laissé ton mari lever la main sur tes propres enfants durant des années, encore et encore … Je te déteste pour celle que tu es devenue. Je me raccroche à la vie pour cette raison aussi. Je veux vivre chaque jour qu’il me reste pour pouvoir te rappeler à quel point je te déteste …
Enfin, je vous déteste tous les deux … Amusez vous bien à Tahiti, profitez bien de votre séjour et revenez vite en France afin que votre petit rêve idyllique prenne fin et que je puisse vous rappelez à nouveau que tout ce qu’il s’est passé ces dernières années … Ne fais pas que partie du passé mais également du présent.
Tout se paye dans la vie …
Bambou.