Mon Père et moi, après le divorce
D'après ma grand mère, j'étais tout pour mon père après le divorce. Je n'avais même pas 5 ans quand c'est arrivé et je n'ai que peu de souvenir.
Papa loua un T1 pendant un an ou deux. Il n'avait pas de lit à ce moment là, donc on dormait tout les deux sur le clic-clac quand j'étais chez lui. Le tribunal avait décidé que je passerai un week end sur deux chez lui ainsi que la moitié de mes vacances scolaire jusqu'a ma majorité. Je me souviens du moment où il était célibataire. C'est peut être égoïste de ma part de penser ça mais ... C'est la période que j'ai préféré en compagnie de mon père. Dommage qu'elle fut si courte !...
La journée, nous passions notre temps au parc qui était à une centaine de mètres de chez lui. On jouait souvent ensemble. Il m’initia aux jeux vidéo et m’acheta une tonne de livres sur les dinosaures et l’astronomie. L’astronomie et les jeux vidéo sont restés une passion depuis. Chaque dimanche soir, il m’emmenait au Quick d’Amiens en guise « d’au revoir ». Je le voyais tout le temps triste à ce moment là et j’avais mal pour lui même si mon esprit de petite fille de 6 ans ne comprenait pas pourquoi une telle tristesse l’accablait sans relâche. Après le repas, Papa me raccompagnait chez Maman. Il garait sa voiture dans la rue, puis il me prenait dans ses bras pour que je sois assez grande pour sonner à la porte. Maman l’invitait toujours à prendre un café.
Ce fut comme ça durant plusieurs mois.
De temps à autre pendant les vacances, ma grand mère de Marseille venait nous rendre visite. Je suis sa seule petite fille malgré ses 4 garçons. Sur les trois autres, l’aîné n’a pas de compagne ni d’enfant, l’un à un garçon qui ne donne jamais de nouvelles, quand au dernier ... Il a un garçon et une fille de mon âge mais ça fait des années qu’ils ont coupé tout contact avec la famille. J’étais donc la petite fille adorée de ma grand mère et je le suis toujours d’ailleurs ...
Un jour, sans comprendre pourquoi, mon père vint me chercher chez ma mère comme chaque Samedi et m’expliqua que l’on ne dormirai pas chez lui le soir même. Il me présenta sa nouvelle compagne Muriel ainsi que son fils Térence qui avait le double de mon age.
C’est à partir de ce moment là qu’une distance s’installa entre mon père et moi. J’étais petite, et pourtant je souffrais de voir cette femme et ce fils prendre ma place. Les quelques fois où j’avais ma grand mère au téléphone, je lui expliquais que je pleurais souvent à cause de cette nouvelle famille, et elle interprétait ça comme la jalousie que peut ressentir tout enfant vis-à-vis de son père.
Je n’avais que 7 ans le soir où Térence toucha et souilla mon corps de petite fille. Je savais que c’était « mal » et pourtant ... J’ai gardé ce secret en moi, ne voulant en parler à personne. Et chaque week end, je priais pour que mon père me dise que c’était terminé, que l’on ne dormirait plus jamais chez Muriel et son fils... Mais le rituel continua encore quelques mois ...
Un dimanche soir, Muriel avait insisté pour me raccompagner chez ma mère. Mon père se gara, et au moment de sortir de la voiture, elle s’énerva en expliquant que je pouvais continuer le chemin à pied. Ce fut la première fois que mon père me laissa partir toute seule dans la nuit. Arrivée chez moi, je fus trop petite pour atteindre la sonnette et je me contenta de taper la porte de mes petits poings. Quand Maman m’ouvrit la porte, elle fut étonnée de me voir seule et en larme.
Quinze jours plus tard, le moment de me préparer pour retourner chez mon père était venu. Je pleurais encore, suppliant Maman de ne pas me laisser partir et de me garder avec elle.
Je ne vais pas continuer à rentrer dans les détails. Pour finir le « chapitre », ma mère appela ma grand mère paternelle pour comprendre ce qu’il se passait. Apparemment Térence avait raconté à ma grand mère que je me déshabillais devant lui et le forçait à me toucher ...
Même avec les années, je n’ai jamais osé reparler de ça à ma grand mère. J’aurais pu lui expliquer ma version des faits ... Manque de courage, honte, dégoût ... Tant de facteurs qui font que je préfère oublier tout ça et me dire que ce n’est qu’un mauvais rêve.